Un dimanche en poésie et en musique avec Monsieur Charles Baudelaire.
Le Serpent qui danse est un poème lyrique de Charles Baudelaire et est apparu dans le recueil de poèmes Les Fleurs du mal en 1857. Il s’agit d’un poème en quatrains à rimes croisées, divisé en neuf strophes.
Charles Baudelaire y évoque sa maîtresse Jeanne Duval.
Plusieurs auteurs compositeurs ont mis en musique ce poème , mais mes interprétations préférées sont celles-ci et j’ai le bonheur de les partager avec vous en ce beau dimanche ensoleillé.
- Léo Ferré 1957, Album Les Fleurs du Mal
- Catherine Sauvage 1961, Album Catherine Sauvage chante les Poètes
- Serge Gainsbourg en 1962, Album Serge Gainsbourg N°4
Photo de Charles Baudelaire par Nadar
Source Wikipedia Creative Commons
Le serpent qui danse
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Je vous propose ce poème mais en chanson.
En premier ma version préférée, celle de Catherine Sauvage sur une musique de Léo Ferré.
La deuxième version sous forme de clip est celle de Serge Gainsbourg.
À l’écran: le couple mythique Serge Gainsbourg et Jane Birkin.
Texte Baudelaire / Musique Serge Gainsbourg dans l’album N°4 ( 1962 )
Genres : jazz, french pop, cuban music
Chaine de La serinette enivrante
Troisième version, celle de Léo Ferré par lui même !
The dancing serpent
That I like to see, dear indolent,
Of your beautiful body
Like a flickering cloth,
Shimmering the skin!
On your deep hair
With bitter perfumes,
Fragrant and wandering sea
In blue and brown waves,
Like a waking ship
In the morning wind,
My dreamy soul sets sail
For a distant sky.
Your eyes where nothing is revealed
Sweet or bitter,
Are two cold jewels where mingle
Gold with iron.
To see you walk in rhythm,
Beautiful abandonment,
Looks like a dancing snake
At the end of a stick.
Under the burden of your laziness
Your child’s head
Swings with softness
Of a young elephant,
And your body bends and stretches
Like a fine vessel
Who rolls edge to edge and dives
Its yards in the water.
Like a flood swelled by melting
Rumbling glaciers,
When the water in your mouth rises
On the edge of your teeth
I think I am drinking a bohemian wine,
Bitter and victorious,
A liquid sky that strews
Stars my heart!
Charles Baudelaire, The Flowers of Evil
Il est magnifique ce poème, j’aimerais savoir écrire de si belles lignes…
J’ai découvert Baudelaire grâce l’école, j’espère que nos jeunes générations ne passeront pas à côté…
Notre littérature et notre poésie sont si riches, elles regorgent de ce genre beauté singulière
écoute les chansons 😉
Bises et courage
J’avais étudié Les Fleurs Du Mal au collège ou au lycée, je ne sais plus, il faudrait qu’un jour je farfouille chez mes parents voir si je le retrouve 😊
I’m sad that my translation does not work properly but the sentiment is obvious in the Gainsbourg-Birkin scene! The scene reminds me how beautiful Jane Birkin was, ahhh, long ago! You, and she, have brightened my Sunday, as it is overcast and raining here. She would be a few years older than me now.
Thank you for coming Ashley,
Jane Birkin is an absolute charming woman, she is one of Gainsbourg’s muses, I’m like you, she is my favourite, I specially appreciate her in Melody Nelson
https://youtu.be/97ip0sdVN14
This album is cult for me, so beautiful and not well known in France, more experimental…
thank you Ashley !!!
Kiss from France
😘 from Northern Ireland
😘🌈🍀From France
https://youtu.be/PsM68buT1mQ
Merci Corinne pour ce joli post qui m’a fait remonter le temps lorsque je lisais Les fleurs du mal, écrit par un de mes poètes préférés. Je me souviens du serpent qui danse, pas tant pour le texte que pour le titre, qui m’a beaucoup plu. Je préfère aussi la version de Catherine Sauvage. J’ai également été très heureux de revoir le couple fantastique: Serge Gainsbourg et Jane Birkin.
Je ne suis pas doué pour le français (comme dans toutes les autres langues) mais je l’ai étudié à l’école et je l’aime beaucoup, aussi parce que c’était une langue très importante en Italie quand j’étais jeune, beaucoup plus que l’anglais que personne ici ne connaissait ou presque. Puis tout a changé.
Un accueil chaleureux
Carlo (Google trad.) 🙂
Adorable Carlo,
je suis heureuse de te lire, et en français !!
J’adore comme toi la version de Catherine Sauvage , c’est une immense artiste totalement inconnue en France…
J’ai découvert cette grande dame grâce à Serge Gainsbourg, il avait écrit une chanson pour elle
https://youtu.be/m5WAVwFo1kw
Seulement 82 vues et 4 likes ….mon dieu que c’est triste
Algues brunes ou rouges
Dessous la vague bougent
Les goémons
Mes amours leur ressemblent
Il n’en reste il me semble
Que goémons
Que des fleurs arrachées
Se mourant comme les
Noirs goémons
Que l’on prend, que l’on jette
Comme la mer rejette
Les goémons
Mes blessures revivent
À la danse lascive
Des goémons
Dieu comme elle était belle
Vous souvenez-vous d’elle?
Les goémons
Elle avait la langueur
Et le goût et l’odeur
Des goémons
Je pris son innocence
À la sourde cadence
Des goémons
Algues brunes ou rouges
Dessous…
la belle soirée
bien fort
Corinne
Très chère Corinne,
belle chanson écrite par Gainsbourg, je ne le savais pas, merci pour ces petites perles.
Bonne journée
Carlo
des vers d’une beauté incomparable .. une langue qui coule et se balance comme ce serpent, vivant, dans nos esprits et dans nos cœurs.
(mi scuso per qualche errore nella traduzione).
Grazie per la condivisione e buona serata 🙂
des vers d’une beauté incomparable .. une langue qui coule et se balance comme ce serpent, vivant, dans nos esprits et dans nos cœurs.
mi scuso per qualche errore di traduzione. Buona serata 🙂
Vous êtes parfaite, merci pour Monsieur Baudelaire !!
Bonne soirée
Corinne
Je vais y aller avec de la franchise, un poème lu restera à mes yeux toujours quelque chose de mort. Par contre dès qu’il est mis en situation, ça change tout, et quand ce génie de Gainsbourg te le chante sur une mélodie enivrante, avec la somptueusement craquante Jane Birkin… La magie opère.
Mais c’est ta franchise qui touche et qui est la bienvenue, et en plus ça tombe bien je suis comme toi.
la poésie voyage mieux quand elle est dite, chantée ou mise en image…
Les poèmes ont parfois besoin de porte-paroles, d’avocats
La belle soirée et merci pour ton regard 😉
Corinne
https://youtu.be/QMMkBeV3VuA
Voici la version que je préfère. Sinon, t’aurais pas une photo du Baudelaire qui fait un smile. Paske la y fait peur 😉
C’est vrai que cette photo casse un peu l’ambiance du blog qui est plutôt en mode bonne humeur, muffins à volonté et café bien chaud !!
c’est presque le sujet d’un article, attention idée …
c’est une époque ce type de portraits, il fallait sentir l’âme, la profondeur du bonhomme ou de la bonne femme
J’ai des portraits de mes aïeux avec aucun embryon de sourire
Tu me laisses travailler sur le sujet ?
Bises de chez nous
Corinne
J’ai vu cette version, mais tu sais comme je suis un peu vieille France !!! LOL
J’ai moins accroché
Bonne soirée Alan
Coucou Corinne … moi aussi j’aime la version d’Alan ! Je la découvre et j’adore tout comme Baudelaire, mais çà, tu le savais déjà, non ? 😉 Merci pour me l’avoir fait relire ce soir et écouter, comme berceuse qui demanderait mieux ? … Belle fin de soirée à toi 😘🌹
J’ai fait comme toi hier soir, j’ai écouté les 3 pour m’endormir !!!
Je te souhaite une excellente journée
Corinne
Le roi des mots (maux)
Ce poème est très sensuel en rend bien hommage à la beauté des serpents diabolisés à tort dans notre culture du fait de l’Église qui en a fait une représentation du mal (il rampe sur le sol proche de l’enfer qui est en dessous) bref le genre de raisonnement débile qui fait tant de mal au vivant. Sinon j’aurai aimé que Baudelaire manipule un serpent avant d’écrire ces vers, son poème aurait été encore plus riche. J’ai manipulé des pythons et j’ai aimé ça au point de rêver d’en avoir chez moi…un jour… 🙄
Coucou Laurent,
J’aime bien ton idée de conseiller à Baudelaire de manipuler des serpents avant d’en parler…
C’est vrai que les serpents ont mauvaise presse depuis la mise en lumière de la Bible.
Mais je crois qu’au delà de ça c’est cette étrange façon de se mouvoir qui repousse. J’ai déjà croisé plusieurs fois des serpents égarés dans la nature ou dans mon jardin passer tranquillement devant moi, c’est comment dire…glaçant, je déteste !!!
C’est beau un serpent, c’est même fascinant, et ce qui fascine peut faire peur, peut-être parce que nous y perdons un certain contrôle…
la bonne journée Laurent , et je te souhaite de réaliser ton rêve de serpent
Corinne
Quand femme rêve
Un cerf-volant
Fort sur la neige
Docile au vent
Un attelage,
Un traîneau
Passe au plus près
De ma peau.
Toujours l’entraîne
Le goéland,
Le cœur en peine
Vers Ouessant,
L’entraîne
Le goéland,
Là-bas
Vers Ouessant.
Prince de Clèves,
Rue Corvisard,
Prisonnier d’elle
Sous un hangar
Où elle extrait
La moelle de mes os,
Comme fait busard
Au louveteau.
Pour du bonheur
À partager,
Elle prend mes je t’aime,
Mes baisers,
Comme grand lézard, là-haut,
Elle boit mon sang
Comme l’eau.
Quand femme rêve
Un cerf-volant
Fort sur la neige
Docile au vent
Un attelage,
Un traîneau
Passe au plus près
De ma peau.
Patrick,
Tu devrais te faire publier !
Je te remercie beaucoup de nous faire profiter de toute ta poésie.
Je te remercie beaucoup
Corinne
Un rien te fait rougir
Comme un feu de brindilles
Et tu hais les familles
Comme j’ai pu les hair
Un rien te fait rougir
Et tu voudrais changer
Le sens du verbe aimer
Sans les mots pour le dire
Je lis ton innocence
Dans le noir de tes bas
Tu peux quitter l’enfance
Ton enfance
Ne te quitte pas.
Tes lèvres se colorent
Maintenant que tu veilles
Et tes poupées sont vieilles
Maintenant que tu sors
Maitenant que tu danses
A chacun de tes pas
Tu peux quitter l’enfance
Ton enfance
Ne te quitte pas.
Je ne peux rien te dire
Je n’ai pas été fille
J’ai hai les familles
Comme tu peux les haïr.
Patrick,
C’est puissant, tu as énormément de talent
Merci beaucoup
Je trouve ton analyse de Salomé très pertinente
Ses cheveux frisés sur la tempe
Je la vois dedans mes pensées
Elle coud sous la calme lampe
Toutes ses années dépensées
À chasser des bêtes qui rampent
À chasser des bêtes qui rampent
À chasser des bêtes
qui rampent.
À distribuer des fessées
À touiller du linge qui trempe
À vieillir, courbe et ramassée
Devant l’âtre où ses rêves campent
Devant l’âtre où ses rêves campent
Elle se revoit fiancée
Il lui a montré ses estampes
Et puis la guerre a commencé
Et depuis, son cœur a des crampes
Et depuis, son cœur a des crampes
En fixant l’étoffe froissée
D’un drapeau fané sur sa hampe
Elle ignore qu’elle est stressée
Quand son cœur saigne dans ses tempes
Un grenier habite ses tempes
Et vivre fut son seul excès
On la donnera en exemple à tous, le jour de son décès
Femme d’hier, petite lampe, femme d’hier, petite lampe,
Petite lampe à pétrole,
dans mes pensées.
Patrick,
Nul doute qu’Oscar se plaise en parcourant ton ode à Salomé
Nul doute qu’il me plaise en te lisant de découvrir ton ode à Salomé
Le mythe de cette femme, aussi brillant qu’ombrageux, persiste et luit dans l’éternité de cette petite flamme, dans la magie de cette petite lampe.
Merci beaucoup Patrick, ta poésie illumine mon humble blog
Corinne
« Les flocons se posaient un à un sans cesse par millions, avec tant de silence que les fleurs qui s’effeuillent font plus de bruit »
Émile Zola.
Une page d’amour.
NRF- Gallimard.
« Si chaque jour
Tombe dans chaque nuit
Il existe un puits
Où la clarté se trouve enclose.
Il faut s’asseoir sur la margelle
Du puits de l’ombre
Pour y pêcher avec patience
La lumière qui s’y perdit. »
Pablo NERUDA.
« Du moment que le passé est passé, le nostalgique a tout son temps. Du moment que l’époque regrettée est en arrière, le nostalgique a l’éternité devant soi.
Les longs soirs d’été, les vastes nuits des nocturnes, les après midi de dimanche, les jours fériés et chômés qui succèdent aux jours ouvrables, sont par excellence les moments de loisir où l’homme se recueille et se souvient. Le crépuscule descend dans les vallées, et l’ombre du passé étend son manteau noir sur le présent. Le passé désœuvré recouvre maintenant le présent affairé et occupe toute la place laissée vacante par le farniente. Le passé contemplatif s’installe dans le vide des dimanches et dans le vide de la nuit, c’est le moment de se souvenir. A mesure que la nuit descend sur nous, le souvenir remonte en nous comme une prière, contrastant avec l’allegro qui a toute l’allégresse, toute la lacritté de l’espérance futuriste, l’adagio du regret traîne avec soi la mélancolie du souvenir inconsolable. Lorsque le temps du largo est venu, les fusions mélodiques n’allant plus nulle part, s’attardent et se recueillent. »
L’irréversible et la nostalgie.
Vladimir Jankélévitch.
NRF.
Bientôt, je limitai le ciel je me fermai
Profond, je souffris de la boue et des pierres
Tout encombré de mes racines infinies
Je retrouvai le dur labeur de mon passé
Ma cécité, mon ignorance de l’espace
L’inavouable progrès des murs multipliés
Mes beaux yeux séparés du Monde
Où sont les morts, suis je vivant
Je voudrais répéter le monde
Et non plus être ombre d’une ombre
Mes beaux yeux rendez moi visible
Je ne veux pas finir en moi.
Merci beaucoup Patrick,
C’est sublime, ton écriture est absolument sublime…
à bientôt Patrick